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Agression rwandaise : les ancêtres appelés à la rescousse

Dans l’Est de la République démocratique du Congo, ravagé par des décennies de conflits, certains habitants ne comptent pas uniquement sur les armes pour se défendre. À Bulambo-Isale, village du Nord-Kivu, les guérisseurs Nande consultent les ancêtres pour comprendre les crises, soigner les malades et même influencer le cours de la guerre.

Sous les murs noircis par la fumée de sa “véranda”, Julie Kaviavu s’apprête à invoquer les esprits. Après avoir jeté une poignée de mil dans le feu et allumé une cigarette, elle bascule soudain la tête en arrière. Ses yeux se révulsent. Une voix rauque s’élève. Ce n’est plus elle qui parle, mais un ancêtre.

Ce rituel, profondément ancré dans la culture Nande, est perçu à la fois comme un moyen de guérison et une connexion avec le monde des morts. Sangala Paluku, frère de Julie et guérisseur lui aussi, explique : “Quand il y a la sécheresse ou la guerre, nous invoquons nos ancêtres pour leur demander pourquoi.”

– Une guerre spirituelle en parallèle du conflit armé –

Si les guérisseurs sont sollicités par les villageois pour des conseils du quotidien, leurs pouvoirs sont aussi recherchés par des hommes politiques, des commerçants et des combattants. Telesphore Karonde, figure influente de la communauté Nande, raconte comment les ancêtres lui auraient permis de chasser un chef rebelle en lui demandant d’apporter un peu de la poussière qu’il avait foulée. Un mois plus tard, le seigneur de guerre avait quitté Goma.

Dans un contexte où l’armée congolaise et ses alliés luttent contre le M23, certains combattants wazalendo (milices locales) entretiennent ce lien spirituel. À Butembo, une “véranda” est installée au cœur de leur camp, accessible uniquement aux initiés. « Nous sommes censés protéger ce pouvoir par tous nos moyens », confie leur chef Asa Apalu Kumahamba.

– Prière, unité et pouvoir des ancêtres –

Contrairement aux grigris et amulettes souvent utilisés par les combattants, les guérisseurs Nande affirment que leur force repose sur la prière communautaire et la solidarité des clans. Mais pour que cette puissance spirituelle opère, l’unité est essentielle. « Ce qui nous met en échec dans cette guerre, c’est la divergence et la cupidité », regrette Sangala Paluku.

Si les chefs coutumiers menacent souvent de déchaîner les forces ancestrales contre l’ennemi, la guerre continue pourtant de ravager l’Est du pays. Reste à savoir si, cette fois, la tradition Nande pourra réellement influer sur le destin du conflit.

La rédaction

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