Koyo Kouoh, patronne du plus grand musée d’art contemporain d’Afrique et première femme africaine désignée pour diriger la Biennale de Venise, est décédée samedi 10 mai, a annoncé le musée Zeitz MOCAA du Cap.
Kouoh dirigeait le Musée Zeitz d’art contemporain d’Afrique (Zeitz MOCAA) depuis 2019, et avait été choisie l’an dernier pour être la commissaire de la prochaine Biennale de Venise (Italie) – l’une des plus importantes expositions d’art contemporain au monde – prévue en mai 2026.
Le Zeitz MOCAA « a reçu la nouvelle aujourd’hui au petit matin du décès soudain de Koyo Kouoh, notre bien-aimée directrice exécutive et conservatrice en chef », a annoncé le musée sur les réseaux sociaux.
Dans un communiqué, la Biennale de Venise a dit être « profondément attristée et consternée » par le « décès soudain et prématuré » de Koyo Kouoh. « Son décès laisse un vide immense dans le monde de l’art contemporain », selon la Biennale, qui indique que la défunte devait présenter le titre et le thème de la Biennale 2026 le 20 mai prochain.
Un parcours qui donne le vertige
Dans un récent article publié par RFI en décembre 2024, à l’occasion de sa nomination comme commissaire de la Biennale de Venise en 2026, Siegfried Forster retrace son parcours qui donne le vertige.
En 2015 déjà, Koyo Kouoh figurait parmi les 10 Africains qui comptent dans l’art contemporain. En tant que Suisso-Camerounaise, elle semble être fière d’incarner un continent africain conscient de sa créativité. Kouoh porte depuis longtemps le flambeau du panafricanisme et du pandiasporisme, bien résolue d’équilibrer dorénavant le récit sur le continent africain. « En tant que jeune Africaine, dans ce monde occidental où j’avais l’impression d’être spectatrice d’une pièce où je n’avais pas de rôle, la conscience s’est révélée vers mes vingt ans de la nécessité d’un retour en Afrique », avait-elle confié au micro de RFI.
Née au Cameroun en 1967, Koyo Kouoh a 13 ans quand sa famille déménage en Suisse. Elle y suit d’abord des études en finances, avant de se passionner pour la culture. Fascinée par la littérature et le cinéma, elle s’implante à la fin des années 1990 à Dakar, au Sénégal. Elle s’impose en tant que coordinatrice des Arts de la Culture à l’Institut Gorée avant de devenir en 2001 et 2003 co-commissaire des prestigieuses Rencontres africaines de la photographie de Bamako au Mali, tout en collaborant aussi à la Biennale de Dakar.
En 2011, elle ouvre finalement sa Raw Material Company, ce « centre pour l’art, le savoir et la société ». Résultat : avec le rayonnement international de son institution et de son approche de l’art, Koyo Kouoh est de plus en plus sollicitée par des institutions culturelles dans le monde entier : la voilà, commissaire à « 1:54 », la foire d’art contemporain africain à Londres, mais aussi à la Dokumenta 12 à Kassel, en Allemagne, jusqu’à directrice du nouveau musée Zeitz en Afrique du Sud qui la confirme en 2019 à la tête de l’un des plus grands musées en Afrique. En 2024, elle est donc choisie pour être la commissaire de la prochaine Biennale de Venise, la première femme africaine qui devait exercer cette prestigieuse fonction.
Leave a Reply