Le pape François est décédé le 21 avril 2025. L’Église doit désormais élire son nouveau chef, successeur de l’apôtre Pierre. À partir de la renonciation de Benoît XVI effective le 28 février 2013, treize jours avaient été nécessaires pour que François soit élu par les cardinaux le 13 mars 2013.
Depuis la mort du pape François, ce 21 avril 2025, le siège apostolique est vacant et l’Eglise entame le processus qui la mènera vers l’élection d’un nouveau pape, annoncée par la fumée blanche qui s’échappera de la cheminée de la chapelle Sixtine. En attendant, les 252 cardinaux, dont 135 sont électeurs, vont converger vers Rome pour choisir le nouveau successeur sur la chaire de saint Pierre.
Entre la démission effective de Benoît XVI le 28 février 2013 et l’élection de François le 13 mars, deux semaines s’étaient écoulées le temps que les cardinaux établissent ensemble les grands enjeux de l’Église de demain. Le conclave avait été ouvert la veille de l’élection de François.
1. Le camerlingue assure l’intérim
À partir de la date de la mort de François, le 21 avril 2025, et jusqu’à l’élection du nouveau pape, le camerlingue, le cardinal irlando-américain Kevin Farrell, assure par intérim la gestion matérielle et administrative du Vatican. C’est lui qui a annoncé la mort du pape ce 21 avril par ces mots : « Chers frères et sœurs, c’est avec une profonde tristesse que je dois vous annoncer la mort de notre Saint Père François. Ce matin, à 7h35, l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père. »
2. Les cardinaux convergent vers Rome

Peu à peu, les cardinaux vont converger vers Rome, convoqués par le doyen du Sacré Collège, le cardinal italien Giovanni Battista Re. Pendant les deux semaines précédant le conclave, les cardinaux (y compris ceux qui sont âgés de plus de 80 ans) se réunissent au Vatican en congrégation générale.
Dans cette élection dépourvue de candidatures officielles, ce système collectif et pragmatique, destiné à favoriser les échanges d’idées, permettra sans aucun doute de faire émerger les noms des vrais papabiles. Ainsi, le conclave a commencé avant même son ouverture.
3. Le conclave se réunit dans la chapelle Sixtine
Le jour de l’ouverture du conclave, la messe votive pro eligendo Papa, est célébrée le matin à la Basilique Saint-Pierre. L’après-midi, les cardinaux électeurs, c’est-à-dire ceux qui ont moins de 80 ans, se rendent en procession solenelle depuis la chapelle Pauline à la Chapelle Sixtine où se déroule l’élection « en invoquant à travers le chant du Veni Creator l’assistance de l’Esprit saint ». Le conclave s’ouvre ensuite pour les délibérations et votes à huis clos. Depuis le conclave qui avait élu Benoît XVI en 2005, les cardinaux peuvent circuler dans le Vatican pour rejoindre les appartements aménagés en 1996 à la maison Sainte-Marthe, un hôtel fonctionnel construit à l’intérieur de la cité du Vatican et où avait décidé de vivre le pape François.
Les cardinaux électeurs ont l’interdiction stricte d’entretenir tout contact avec le monde extérieur. Ils sont priés de « s’abstenir de toute correspondance épistolaire et de toute conversation téléphonique ou par radio ». Il leur est même défendu de s’informer : recevoir la presse quotidienne ou périodique, écouter la radio ou regarder la télévision les exposent même à une excommunication latae sententiae, autrement dit automatique !
Le pape Jean Paul II avait même prévu, dans sa constitution apostolique Universi dominici gregis promulguée en 1996, des « contrôles sérieux et sévères avec l’aide de personnes de toute confiance et de capacités techniques éprouvées » pour vérifier que l’on n’ait pas installé de micros ou le moindre petit émetteur sous les fauteuils des cardinaux !
Selon le motu proprio du pape Benoît XVI du 22 février 2013 amendant la constitution apostolique de Jean Paul II, les personnes extérieurs au Collège des cardinaux qui participent au bon fonctionnement du Conclave – techniciens, médecins, cérémoniaires, confesseurs, etc – doivent eux aussi prêter un serment de secret et sont soumis à la même peine d’excommunication.
4. Les cardinaux prêtent serment
Avant le début du vote, les cardinaux prêteront serment sous l’impressionnant Jugement dernier, de Michel-Ange, une main sur les Évangiles, jurant de respecter le caractère secret des délibérations. Puis le maître des cérémonies prononcera l’Extra omnes (« Tous dehors ! ») en direction des non-électeurs. Les scrutins pourront alors commencer, à raison de quatre par jour.
5. L’élection obéit à un code strict
Chaque bulletin porte les mots latins « Eligo in summum pontificem… » (« J’élis au suprême pontificat ») imprimé si possible. Les cardinaux écrivent en dessous le nom de l’élu de leur choix en prenant soin de masquer leur écriture, ils plient leur bulletin, et, le tenant levé de telle sorte qu’il puisse être vu, le portent à l’autel, près duquel se tiennent les scrutateurs et sur lequel il y a un calice couvert d’un plateau pour recevoir les bulletins.
Arrivé là, chaque cardinal prononce, à haute voix, un nouveau serment : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu. » Au fur et à mesure que le scrutateur lit les bulletins, et selon les indications détaillées de la constitution apostolique de 1996, il les perfore avec une aiguille munie d’un fil à l’endroit où se trouve le mot « Eligo ». « Tous les bulletins sont ainsi liés, afin de les conserver plus sûrement. À la fin de la lecture des noms, les extrémités du fil sont nouées et tous les bulletins ainsi réunis sont placés dans un vase ou sur le coin de la table », précise le texte.
Après le décompte des voix et leur vérification, les bulletins sont brûlés avant que les cardinaux électeurs ne quittent la chapelle Sixtine.
6. La majorité des deux tiers est requise
Le scrutin se déroulera selon un rythme très régulier : deux votes le matin, deux l’après-midi, pendant trois jours. Pour préserver la confidentialité des résultats, après chaque tour, les bulletins sont brûlés, mêlés à de la paille humide. Ce procédé laisse échapper au-dessus du toit de la Sixtine une fumée sombre, la « fumata » mythique, premier média révélant en exclusivité au public l’existence d’un résultat.
7. La fumée blanche annonce l’élection

Quand un nom réunira enfin la majorité des deux tiers, la traditionnelle fumée blanche sera accompagnée, selon la volonté de Jean-Paul II, des cloches de la basilique Saint-Pierre qui sonneront à toute volée, afin d’éviter toute confusion. Il peut arriver, comme ce fut, semble-t-il, le cas de Pie XII, que le pape élu demande un tour supplémentaire pour vérifier, et si possible élargir, le soutien dont il dispose.
8. Les cardinaux s’engagent au secret

Le camerlingue rédigera alors un compte rendu indiquant le résultat des votes intervenus au cours de chaque session. Ce rapport sera remis au tout nouveau pape, puis conservé aux archives secrètes, dans une enveloppe scellée qui ne pourra être ouverte par personne, sans l’autorisation expresse du pape.
Là encore, le secret du vote est érigé en absolu, comme si le mythe devait rejoindre la mystique. « J’ordonne à tous et à chacun des cardinaux électeurs, afin de sauvegarder plus sûrement le secret, de remettre au cardinal camerlingue ou à un autre des trois cardinaux assistants les notes de quelque genre que ce soit qu’ils auraient avec eux en relation avec le résultat de chaque scrutin, afin qu’elles soient brûlées avec les bulletins », précise même le règlement établi par Jean Paul II.
En théorie, les cardinaux s’engagent aussi à ne pas dévoiler ultérieurement le détail des votes : Benoît XV, pape de 1914 à 1922, leur a imposé d’en faire le serment. Ce qui n’empêche pas les fuites ultérieures…
9. Le pape choisit son nom
Le doyen du Sacré collège demandera au successeur de François : « Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? De quel nom voulez-vous être appelé ? »
Après l’acceptation, l’élu qui a déjà reçu l’ordination épiscopale est immédiatement évêque de l’Église de Rome, vrai pape et chef du Collège épiscopal ; il acquiert de facto et il peut exercer le pouvoir plein et suprême sur l’Église universelle, précise la constitution Universi dominici gregis.
Les cardinaux s’avanceront ensuite en ordre protocolaire « pour rendre hommage et pour faire acte d’obédience au nouveau pontife », avant de chanter le Te Deum.
Le camerlingue passera l’anneau du pêcheur au doigt du nouveau pape.
10. « Nous avons un pape »
Le cardinal premier diacre lancera à la foule place Saint-Pierre : « Habemus Papam » (« Nous avons un pape ») et donnera le nom de l’élu. Coïncidence, il se trouve que comme en 2013, où le cardinal Jean-Louis Tauran avait assuré cette fonction, le protodiacre est à nouveau un Français, en la personne du cardinal Dominique Mamberti, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, la cour de cassation du Vatican. Au même moment, le nouveau pontife se dirigera vers la chambre des Larmes pour revêtir une soutane blanche et, au balcon de la place Saint-Pierre, il donnera sa première bénédiction Urbi et orbi.
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