Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les habitants de Sake, chassés par les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, rentrent chez eux après plusieurs mois d’exil. Mais beaucoup retrouvent des maisons détruites et une vie marquée par l’insécurité et la précarité.
La famille Banyene fait partie de ces milliers de déplacés contraints de quitter un camp en périphérie de Goma après que le M23 a pris le contrôle de la ville fin janvier. À leur retour à Sake, ils découvrent une maison en ruines : toiture effondrée, murs éventrés et douilles d’armes automatiques jonchant le sol. Deux tentes de fortune ont été installées pour abriter les membres de la famille, dont des nourrissons et des personnes âgées. « C’est mieux d’être chez soi que dans un camp, mais nous avons tout perdu et avons du mal à nous nourrir”, confie Tumani Feresi, l’un des frères aînés.
– Des terres inaccessibles et une insécurité persistante –
Comme la majorité des habitants de la région, la famille Banyene vivait de l’agriculture. Mais aujourd’hui, impossible de cultiver. “Il y a des bombes non explosées dans les champs”, s’inquiète Patient Banyene, pointant du doigt la brousse environnante. D’autres menaces pèsent : “Les femmes qui vont chercher du bois risquent d’être violées”, témoigne un autre membre de la famille.
Malgré une relative accalmie en ville sous l’administration du M23, des miliciens pro-Kinshasa continuent de semer la terreur la nuit.
– Des villages pillés et des terres occupées –
La situation est similaire dans d’autres localités du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où de nombreux habitants ont retrouvé leurs maisons pillées et leurs champs occupés par des inconnus. À Shasha, non loin de Bukavu, Sarah Kahindo se dit chanceuse d’avoir récupéré son champ en bon état, bien que sa maison ait été entièrement saccagée.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, 44 % des personnes retournées ont retrouvé leurs terres exploitées par d’autres, et 10 % de leurs maisons sont désormais occupées par des étrangers.
– Une économie asphyxiée –
Si certains agriculteurs ont repris leurs activités, l’économie locale peine à redémarrer. Les banques restent fermées sur ordre de Kinshasa, privant la population de liquidités. « Tu peux vendre, mais il n’y a plus d’acheteurs, car il n’y a pas d’argent », explique Sarah Kahindo. Au port de Minova, important carrefour commercial, le marché ferme désormais à 17h au lieu de 20h, signe d’un ralentissement inquiétant.
Alors que la guerre laisse place à un fragile retour, les habitants de l’Est congolais doivent désormais affronter un autre combat : reconstruire leur vie sur des ruines, avec des moyens quasi inexistants.
La rédaction
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